Nouvelles

Prions ensemble

posté le 15 novembre 2015
thumb image
En ce jour de deuil national, notre communauté souhaite partager avec vous l’homélie du P. François Odinet, venu célébrer ce matin l’Eucharistie au Carmel, une homélie commentant l’Evangile du jour (Marc 13, 24-32) en lien avec les événements de ces derniers jours :

Homélie

Dans cette forte page de l’Evangile, Jésus nous annonce qu’il viendra, en ajoutant aussitôt que sa venue est indissociable de la « grande détresse » qui marque notre histoire. Au moment où notre pays – avec tant d’autres – souffre et s’interroge, que nos cœurs et nos esprits se laissent éclairer par les mots de Jésus : je vous invite à méditer trois de ses phrases.

 

« Cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive »

 

La prophétie de Jésus a de quoi nous étonner : ce qu’il annonce, c’est-à-dire sa venue et les détresses qui l’accompagnent, tout cela s’accomplira dans sa génération. C’est vrai si l’on considère un événement dramatique comme la chute du Temple de Jérusalem, qui a marqué un tournant dans l’histoire d’Israël. C’est surtout vrai, cependant, dans le mystère du Christ. Ce qui s’accomplit dans cette génération – celle de Jésus –, c’est la Pâque du Christ. Jésus vit, meurt et ressuscite au milieu de la violence et d’une grande détresse, une détresse qui ne le laisse pas indemne mais qu’il partage jusqu’à en verser des larmes (Lc 22, 44 ; He 5, 7), jusqu’à en verser son sang. C’est au milieu de cette détresse-là qu’il « vient ». C’est en entrant dans la violence et en la traversant que Jésus « vient » dans la vie ressuscitée.

Autant dire que la violence que nous connaissons, cette violence qui a envahi nos écrans et nos conversations, ne nous est pas étrangère. Elle est intégrée au mystère même de notre foi – elle en est une partie inévitable, et si la faiblesse de notre foi a pu nous le nous faire occulter, l’actualité se charge de nous le rappeler. Notre foi n’est pas contredite par la survenue de la violence, même religieuse ; nous ne sommes pas placés par cette violence en terrain étranger. Au contraire, cette iniquité terrible nous reconduit au cœur du mystère de Jésus : c’est au cœur de la détresse que Jésus est venu ; et même davantage : parce qu’il est ressuscité, dans la détresse, il vient encore.

 

« On verra le Fils de l’homme… vous verrez arriver cela »

 

Dans cette annonce de Jésus, il est promis que nous verrons. Ce que le terrorisme islamiste donne à voir, c’est déjà un visage de l’être humain défiguré, ensanglanté et parfois agonisant – et comment n’y reconnaîtrions-nous pas la Face du Bien-Aimé ? Mais surtout, il donne à voir un visage de Dieu. Cela appelle notre témoignage. Nous ne pouvons pas rester silencieux et, en fixant le regard sur le Fils de l’homme, nous devons rendre témoignage à nos contemporains.

Non, Dieu ne veut pas la mort du pécheur ; Dieu n’ordonne pas la condamnation de celui qui l’ignore ou le défie. Le prophète Ezéchiel le proclame (Ez 18,23) : Dieu ne veut pas la mort du méchant, mais qu’il se convertisse et qu’il vive. L’Écriture nous apprend que ce que Dieu veut pour celui qui se fait son ennemi ou pour celui qui blasphème son Nom, ce n’est pas la mort, mais précisément la sortie de la mort : qu’il se convertisse et qu’il vive.

Puisqu’il est question de blasphème, nous pouvons aussi témoigner de ce que le plus grand blasphème n’est pas d’ignorer Dieu ni même de l’insulter, mais de faire le mal en son Nom. L’Écriture est remplie des cris de l’homme vers Dieu, des cris de l’homme qui ne voit pas Dieu, qui le soupçonne ou même le provoque ; mais elle désavoue radicalement celui qui utilise le Nom de Dieu pour faire le mal.

Si le visage de Dieu est ainsi défiguré en même temps que celui de l’homme est blessé, il nous revient, comme disciples du Fils Bien-Aimé, de rendre témoignage à la Miséricorde du Père – car c’est en toute miséricorde que le Seigneur vient nous chercher dans nos détresses et nos négations.

 

« Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas »

 

Tout passe et tout change, y compris nos vies, mais la parole de Jésus ne passe pas. Il nous invite donc à garder sa parole (Jn 14,23) comme lui-même a gardé la parole de son Père (Jn 8,55). Si nous gardons la parole de Jésus, alors, face aux terreurs et aux détresses, nous ne serons ni muets ni surpris.

Nous ne serons pas muets, car la parole de Jésus produira son œuvre en nous. Jésus, en effet, nous invite à nous laisser instruire par la comparaison du figuier (Me 13,28) : lorsque le figuier germe, un temps nouveau arrive. La parole de Jésus est en nous ce germe, elle est une semence qui fructifie en une vie renouvelée ; elle ouvre un temps nouveau. Habités par sa parole, nous ne sommes donc pas muets, puisque nous savons vers quoi Jésus nous fait passer. Si nous adhérons à cette germination de la parole à l’intérieur de nous, alors nous savons que ce monde ne va pas vers la mort mais vers sa transformation ; alors nous pouvons prendre la parole pour rendre témoignage à celui qui vient, même au milieu d’une « grande détresse » (Me 13,24).

Nous ne serons pas surpris non plus. Si Jésus nous dévoile cette grande détresse, ce n’est pas pour nous faire peur. C’est au contraire pour nous inviter à être prêts (Me 13,23.33) : cette invitation est située immédiatement avant et après le passage que nous lisons. Si la parole de Jésus demeure en nous, elle nous rend vigilant, elle nous donne d’être prêts. Nous pensons sans doute, comme beaucoup de nos concitoyens, qu’il s’agit d’être prêts à résister, en mettant les forces dont nous disposons dans cette résistance. Bien sûr, celle-ci est nécessaire ; elle relève de l’acte politique, auquel nous ne pouvons nous dérober. Cependant, « être prêt », c’est bien plus que cela. C’est aussi être prêt à prier, pour faire passer ces événements dans le dialogue incessant de Jésus avec son Église ; c’est être prêt à témoigner de la parole de Jésus, quoi qu’il en coûte ; c’est être prêt à servir dès que l’occasion s’en présente, en substituant à la méfiance ou au repli sur nous l’humilité du serviteur ; c’est faire œuvre de paix et de vérité, à l’image du Fils de Dieu (Mt 5,9) ; c’est enfin, bien sûr, être prêt à rencontrer le Christ au jour où cette rencontre aura lieu, qu’elle soit prévisible ou violemment provoquée.

Chers amis, si nous sommes prêts, prêts à reconnaître l’œuvre de la Croix et de la Résurrection dans la violence de notre temps, prêts à manifester le visage du Père de Jésus, si la parole de Jésus porte en nous son fruit de vigilance et de service, alors nous goûterons cette parole que nous avons entendue il y a quelques minutes : « sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte ». Amen

 

Évangile

Voici le texte d’Evangile qui était prévu pour ce 33e dimanche de l’année B, et qui a donc été lu et commenté par le célébrant ce matin :

En ce temps-là, Jésus parlait à ses disciples de sa venue :
« En ces jours-là, après une grande détresse,
le soleil s’obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté ;
les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées.
Alors on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées
avec grande puissance et avec gloire.
Il enverra les anges
pour rassembler les élus des quatre coins du monde,
depuis l’extrémité de la terre jusqu’à l’extrémité du ciel.
Laissez-vous instruire par la comparaison du figuier :
dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles,
vous savez que l’été est proche.
De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela,
sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte.
Amen, je vous le dis :
cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive.
Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas.
Quant à ce jour et à cette heure-là,
nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel,
pas même le Fils, mais seulement le Père. »

 

Rassemblement diocésain

Notre évêque, Mgr Jean-Luc Brunin, invite tous ceux qui le souhaitent à prier lundi 16 octobre 2015 à 18h30 à la cathédrale du Havre, en célébrant une messe pour les défunts.