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Fils de la Miséricorde !

posté le 29 février 2016
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Le « Fils perdu », par Sieger Köder

Depuis le début du Carême, la reproduction d’un tableau de Sieger Köder soutient la méditation et la prière de ceux qui passent dans notre chapelle. Cette belle oeuvre prend tout son sens, alors que nous vivons en Eglise le Jubilé de la Miséricorde et que la liturgie nous fait entendre la « parabole du fils prodigue » dimanche 6 mars (4e dimanche de Carême, année C).

Voici le commentaire que cette oeuvre nous a inspiré.

 

« Ton frère était mort, et il est revenu à la vie ! »

Qu’est-ce que la mort ? Et la vie ? Cette toile nous invite à une méditation en forme de retour… ou de retournement ? Les deux frères, habillés comme les deux jumeaux qui habitent chacun de nos cœurs, nous renvoient à nous-mêmes et à nos errances.

« Choisis la vie ! » (Dt 30, 19)

L’ordre de Dieu transmis par Moïse au peuple d’Israël était formel, la garantie du bonheur étant d’aimer Dieu, d’écouter sa voix et de s’attacher à lui.

Köder sacLa tenue du fils cadet semble signifier qu’il s’est fourvoyé sur le chemin de la vie : un sac à la bandoulière déchirée, une bouteille vidée, un bleu de travail en guenille qui ne parvient plus à couvrir son corps et sa détresse, tous deux mis à nu.

 

 

Köder tête filsLe crâne galeux, la tête humiliée, les yeux baissés sur sa honte, il ne lui reste qu’une main pour espérer. Une main pour s’agripper, une main pour crier : « Aie pitié de moi, pécheur ! » Combien, dans l’Evangile, quel que soit leur parcours, ont fait retentir ce cri aux oreilles de Jésus et de ses contemporains… Ce cri résonne encore aujourd’hui, prononcé sur tous les tons et tous les continents. Des mains cherchent où s’accrocher, des têtes espèrent trouver un cœur où reposer.

 

Köder tête père« Choisis la vie ! » Et si chaque instant nous replaçait à la croisée des chemins : chemin d’égoïsme ou chemin d’ouverture risquée ; chemin de mutisme ou chemin de vulnérabilité… Lorsqu’on est allé toujours plus loin, toujours plus bas, jusqu’au fond de soi, de la vie, où il semble n’y avoir plus rien que des ruines et la mort, lorsqu’on n’a plus aucune force pour rien comprendre ou arracher à la vie qui s’émiette, on ne peut plus que croire.

 

Köder porteCroire que Dieu seul peut nous sauver : en se laissant approcher et saisir ; en posant sur nous sa main solide et bienveillante ; en nous embrassant comme le fils qu’Il attend depuis toujours ; en nous regardant avec tendresse et compassion ; en couvrant sa justice du voile de sa miséricorde ;… en nous accueillant dans sa lumière – et n’est-ce pas là un paradoxe : la lumière inonde la rencontre qui se passe à la porte, tandis que l’autre côté est plongé dans l’obscurité. Nous pouvons peut-être y apercevoir plusieurs sens : plus important que l’avenir de fête dans la maison du Père est le kairos, le moment de nos choix et celui de nos rencontres avec le Père, qui vient à nous en élargissant au passage la porte étroite (Lc 13, 24)… Ou bien le Père sort de la nuit pour un huitième jour, une nouvelle création ; ou encore sa présence miséricordieuse à la porte empêche le fils de sombrer tout à fait dans la mort et la désespérance éternelles… « Dieu ne pardonne pas avec un décret, mais avec une caresse » écrit le pape François. Une caresse, et de la joie : « Revêtez-le de la robe de fête ! » (Lc 15, 22)

Suite du commentaire : à suivre dans quelques jours… !