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Les évangiles de la rentrée…

posté le 23 septembre 2022
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Tout un programme !

Pendant les dimanches de septembre, le cycle liturgique nous donne à écouter les chapitres 14, 15 et 16 de l’évangile selon saint Luc.

Quel programme nous tracent-ils pour l’année qui s’ouvre ?

Dimanche 4 septembre : le programme de l’abandon

La chute de l’évangile du 23e dimanche du temps ordinaire, année C, risquerait de nous décourager : « Celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut être mon disciple. » L’année commence bien. Mais Jésus relie cette chute aux deux petites paraboles qui précèdent : l’homme qui veut bâtir une tour, et le roi qui veut partir en guerre.

Ces paraboles soulignent la logique humaine : il est préférable d’ajuster la fin que l’on poursuit aux moyens dont on dispose. Sinon, c’est l’échec qui se profile – car nos moyens sont limités. A l’inverse apparaît la logique divine : il semblerait que pour viser une fin infinie (« être le disciple [de Jésus] »), il nous faille accorder nos moyens. Mais pouvons-nous disposer de moyens infinis ? En faire toujours plus ?… C’est peut-être une erreur qui nous guette tous dans la vie spirituelle.

Jésus propose plutôt un moyen radical : renoncer à tout – nos biens, nos sécurités, nos logiques… Nous abandonner à la grâce, dans l’humilité, nous disposer seulement à accueillir l’Esprit Saint (cf. 1ère lecture), en pratiquant au mieux la charité (cf. 2e lecture). Plutôt qu’exigence insurmontable, cet évangile nous ouvre un chemin de libération pour l’année qui commence. Quand le sage s’assoit pour calculer la dépense, le fou en Christ se lève pour porter sa croix et se mettre à la suite de Jésus… alors en route !

Dimanche 11 septembre : le programme de la miséricorde

Toutes les lectures de ce 24e dimanche nous portent à fêter la miséricorde de notre Dieu : il a pardonné au peuple hébreu qui s’est fait un veau d’or dans le désert ; il a pardonné à Paul, qui de persécuteur est devenu apôtre ; et le chapitre 15 de saint Luc présente les trois « paraboles de la miséricorde ». Les textes ont de quoi nous convaincre : nous pourrons nous perdre, nous pourrons tomber dans l’hérésie (comme les Hébreux au désert), dans la violence (comme saint Paul), dans la débauche (comme le fils prodigue), ou plus simplement dans les petites compromissions du quotidien, notre Dieu ne nous abandonnera pas. Il partira à notre recherche, il guettera notre retour, avec patience et amour. Notre Dieu nous attend toujours. Entrons dans cette nouvelle année avec confiance, et imitons notre Dieu : « Pardonne-nous comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés ».

 

Dimanche 18 septembre : le programme de l’amitié

La parabole du gérant malhonnête, entendue en ce 25e dimanche, a de quoi nous indigner, ou au moins nous laisser dans l’incompréhension : Jésus fait-il l’éloge de la roublardise ? Piétine-t-il les 10 commandements qu’il dit être venu accomplir ?? Une première lecture du texte semble aller dans ce sens : le gérant, annoncé dès le début comme « dilapidant les biens [de son maître] », persévère dans sa faute en continuant à le tromper après avoir été découvert. Mais une lecture plus attentive de la parabole est peut-être possible.  A condition de ne pas enfermer le gérant dès le début dans le rôle du « méchant » (qu’il est plus facile de critiquer que de regarder comme une partie de nous-mêmes…).

Une fois dénoncé, que fait l’homme ? Il ne cherche pas à savoir qui l’a compromis ; il ne cherche pas non plus à se justifier – le passé ne lui appartient plus. Il est à la fois dans le présent (« mon maître me retire la gestion »), et tendu vers ce qui peut arriver. Et il « se dit en lui-même » ce qu’il va faire, tel le prodigue de la parabole précédente. L’entrée en soi-même, comme point de départ d’une possible conversion. Il se dit qu’il va chercher à ce que « des gens l’accueillent chez eux ». Nous imaginons un peu trop vite qu’il envisage de retrouver une situation identique à la précédente. Or, il se tourne vers les débiteurs de son maître : des personnes moins riches que celui-ci, puisqu’elles lui doivent huile, blé et autre. Moins riches, et peut-être même pauvres, comme le suggère l’épilogue de la parabole : « Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête, afin que le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles. » Qui nous précède dans le Royaume de Dieu, si ce ne sont les publicains, les prostituées, et tous les pauvres, qu’ils soient des marginaux économiques ou sociaux ?

Dès lors, le gérant ne cherche effectivement plus des maîtres, mais des « amis » : ces débiteurs ne sont plus pour lui des pauvres à extorquer, ils peuvent devenir des amis. Le geste qu’il leur fait ne lui apporte désormais plus rien au plan financier, il est le symbole fort d’une relation nouvelle. Réduit lui-même à la pauvreté, le gérant licencié pourra festoyer simplement avec ses semblables, qu’il a enfin regardés avec bonté, au lieu de les mépriser. Cette année va pouvoir être celle de la simplicité et de l’amitié, si chacun reconnaît ses propres pauvretés et vient, librement et joyeusement, partager son indigence avec les autres.