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« Donne-nous aujourd’hui… »

posté le 18 juin 2022
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« Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour »

Comment faut-il, peut-on entendre cette demande que nous faisons dans le « Notre Père » ? 

Alors qu’au terme du temps pascal, l’Eglise célèbre les mystères de la foi (Dimanche de la Trinité, Dimanche du Saint-Sacrement), elle nous donne l’occasion de méditer sur ces paroles que nous prononçons souvent !

Les commentaires du Notre Père

Dès les premiers siècles de l’Eglise, les chrétiens ont cherché à mieux comprendre ces paroles du Notre Père, ou Oraison dominicale comme ils aimaient à appeler cette prière à la fois personnelle et communautaire. Les Pères de l’Eglise l’ont largement commentée, nourrissant ainsi la foi des chrétiens.

Saint Cyprien de Carthage au IIIème siècle expliquait déjà qu’il fallait entendre ces paroles dans le sens spirituel et dans le sens matériel et que « dans ces deux cas, par grâce de Dieu, elles servent au salut ». Il soulignait que c’est « avec raison que le disciple du Christ demande sa nourriture au jour le jour » car on attendait alors un retour imminent du Christ.

Sainte Thérèse d’Avila

Elle sait que cette demande du Notre Père a d’abord un humble sens matériel. Et de fait, nous pouvons remercier le Père pour la nourriture matérielle qu’il nous donne chaque jour, grâce au travail qu’il bénit, et le prier pour tous ceux qui manquent de ce pain quotidien.

Mais Sainte Thérèse transpose immédiatement sa demande au niveau spirituel : elle souhaite le pain de l’âme qu’est véritablement l’Eucharistie. Mais alors : comment et pourquoi dire au Père que nous avons besoin du pain eucharistique ? que nous en avons besoin chaque jour ? que nous en avons besoin aujourd’hui ?

L’Eucharistie

Semaine sainte 2019 - Carmel Havre jeudi saintSainte Thérèse explique que Jésus demande lui-même au Père de pouvoir demeurer parmi les hommes grâce au pain eucharistique. C’est Lui qui a « inventé ce moyen admirable où il fit bien paraître l’excès de son amour pour nous ». Ainsi, l’Eucharistie prolonge la présence de Jésus-Christ parmi les hommes jusqu’à la fin du monde. Nourrie de ce pain, notre âme se fortifie et nous pouvons alors faire la volonté du Père ce qui, sans cela, nous serait sinon impossible.

Pourquoi cette double expression : pain « de chaque jour » et pain pour « aujourd’hui ? ». Selon sainte Thérèse, le « chaque jour » et le « pour aujourd’hui » marquent les deux volets du plan de Dieu. Le Père nous a donné le Fils « pour toujours ». Et maintenant nous demandons le pain de l’Eucharistie pour l’« aujourd’hui » de la vie temporelle. Ainsi l’Eucharistie est la manne de l’humanité tout au long de l’histoire des hommes.

Une Présence…

célébration du Jubilé dans la chapelle du Carmel

Dans l’Eucharistie, le croyant se trouve devant une situation de présence débordante, presque déconcertante. Le Christ n’est pas présent comme il l’était en Galilée, ni comme il est maintenant glorieux dans le ciel. Ni sensible et palpable, ni glorifié et revêtu de majesté, il est « déguisé » et devient ainsi proche et accessible.

En effet, pour Sainte Thérèse l’Eucharistie est un merveilleux processus dynamique qui va de la présence à l’intériorisation, une invitation suprême et réaliste à entrer au dedans de soi avec le Seigneur qui entre au-dedans de nous. « Le divin Maître franchit le seuil de l’hôtellerie de notre âme » et « l’âme, s’efforçant de recueillir tous ses sens, se retire là » avec lui. Jésus est là, avant tout, pour que nous « nous approchions de lui », pour « passer au-dedans de nous ». Nous nous habituerons ainsi à savourer la présence transformante du Seigneur en nous.

Sainte Thérèse nous exhorte aussi à « rester volontiers avec lui » et à ne pas « perdre un temps aussi précieux que celui qui suit la communion » en se laissant distraire. Au contraire, c’est le moment d’intercéder pour l’Eglise et le monde !

 

Belle fête du Saint-Sacrement à chacun ! Que nos manières de vivre l’Eucharistie en soient renouvelées !