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10-11 février 2024 : Week-end du SDV au Carmel

posté le 12 février 2024
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Ta vocation : un chemin d’amitié avec le Christ…

Les 10 et 11 février, le Carmel a accueilli le Service Diocésain des Vocations qui organisait un week-end de réflexion, prière, partage pour les jeunes… 12 jeunes de 15 à 21 ans y ont participé avec joie et dynamisme, à la rencontre de Jésus dans l’Evangile selon saint Marc !

Petit partage…

Les jeunes sont repartis avec une lettre que le « jeune homme riche » de l’Evangile leur avait écrite… Elle peut s’adresser à chacun de nous :

Cher Jeune,

Moi aussi, j’ai rencontré Jésus. Ou plutôt… c’est lui qui est venu me rejoindre, là où je ne l’avais pas prévu. Cette rencontre m’a profondément marqué – et non seulement moi, mais aussi tous ceux qui étaient là, je crois. En effet, plusieurs années après, j’ai entendu quelqu’un qui racontait mon histoire… A ce moment-là, j’aurais préféré avoir été de ceux qui ont suivi Jésus dans la simplicité et la discrétion, plutôt que de devenir le célèbre jeune homme riche qui a refusé de le suivre… Voici ce qui s’est passé.

En tant que fils de pharisien, j’étais habitué depuis l’enfance à l’observance scrupuleuse de notre Loi. Pourtant, j’étais souvent angoissé, en recherche : qu’est-ce que Dieu attendait vraiment de moi ? Ce que j’accomplissais, cela lui suffisait-il ? Je cherchais un guide, et toujours les rabbis que j’interrogeais me renvoyaient à l’application de la Loi. Et puis j’ai entendu parler de Jésus, un rabbi que l’on disait « pas comme les autres ». Alors j’ai cherché à l’aborder quand il est passé près de chez moi. De loin, j’ai bien vu qu’il était entouré d’une troupe d’enfants qui piaillaient… ça ne m’a pas paru très sérieux. Mais j’ai fait taire mes jugements, et je me suis approché pour lui poser la même question qu’aux autres rabbis : « Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » Et lui a répondu, comme les autres : « Tu connais les commandements… alors ne tue pas, ne commets pas d’adultère, ne vole pas, ne porte pas de faux témoignage, ne fais pas de tort, honore ton père et ta mère. » J’étais un peu déçu, et en même temps fier de pouvoir lui répondre : « Tout cela, je l’ai observé depuis ma jeunesse ! » Il y avait quand même quelque chose d’étrange dans notre échange : c’était son regard. Un regard de feu, qui me scrutait jusqu’aux entrailles, avec un amour manifeste… Malgré mon honnêteté à parler de ma fidélité à la Loi, je me sentais presque un imposteur devant cet homme ; pour un peu, j’aurais dit aussi : « Eloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur ! » Mais lui n’avait pas l’air de voir cela, ou du moins de s’en soucier : son regard ne parlait que de confiance, d’amour, il disait : « Je crois en toi ! ». Et Jésus a alors ajouté : « Une seule chose te manque : va, ce que tu as, vends-le, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel ; puis viens, suis-moi. » Stupeur. C’était comme si le sol s’était dérobé sous mes pas : ces paroles m’ont plongé dans un abîme qui m’a effrayé. J’ai senti que je devenais livide, j’ai bredouillé quelque chose et je me suis éclipsé. Je ne l’ai pas revu, mais j’ai continué à entendre parler de lui, j’ai cherché à savoir ce qu’il devenait. J’ai appris qu’il avait été mis à mort, mais que ses disciples le disaient ressuscité… Ca m’a posé question, parce qu’il avait ouvert une brèche en moi, et qu’il m’a fallu du temps pour comprendre…

Arrivé là où j’en suis maintenant, je n’ai plus besoin de cacher cet épisode douloureux de ma vie. J’ai tout ce qu’il me faut, j’ai beaucoup travaillé, j’ai été rude en affaires, mais pas injuste non plus. Je suis un Ancien respecté, et apprécié je crois, pour sa droiture et son expérience. Mais pour aller au fond des choses, ceux qui me connaissent bien savent aussi mon humeur changeante, mes accès de mélancolie. Je ne peux m’en vouloir qu’à moi-même, de n’avoir pas compris plus tôt, plus vite, la vraie priorité à laquelle Jésus m’invitait. Pendant longtemps, j’ai vu la vie éternelle avec les yeux d’un homme établi, satisfait : j’étais né au sein du peuple élu, j’avais une famille riche et bénie de Dieu, je vivais une fidélité impeccable… la perfection sur toute la ligne. Et la sécurité aussi. Dès lors, la seule question qui se pose est : comment conserver les acquis ? comment assurer le maintien de la bénédiction divine, éternellement ? Je voyais la vie éternelle comme le prolongement de la vie terrestre. Et puis un jour, dans un éclair de lucidité, j’ai fait le lien entre la proposition ahurissante de Jésus, et les enfants qui piaillaient autour de lui quand je suis venu le trouver. Vendre tout, comme il me le proposait, c’est se retrouver les mains vides, comme un enfant qui n’a rien à offrir, qui ne peut qu’accueillir ce qu’on voudra bien lui donner… Quand on naît sur terre, qu’on soit fils de pharisien, ou goy (non-juif), au fond, c’est pareil : on a seulement besoin de quelqu’un qui veille sur nous, qui prenne soin de nous… Eh bien, ce que Jésus voulait me faire comprendre, c’est que pour naître à la vie éternelle, il s’agit de se faire volontairement petit enfant, dépendant de Dieu en toute confiance, et ça commence ici-bas… Mais j’avais trop de certitudes, trop de confiance en ma propre vertu pour lâcher tout. J’ai manqué de foi, d’espérance, d’amour, et c’est bien un paradoxe : j’étais tellement persuadé que Dieu m’avait donné tout ce que je possédais, que je ne pouvais imaginer qu’il me demande de le lâcher, en croyant simplement qu’il continuerait à me combler…

Alors aujourd’hui, j’ai envie de te dire : Ne fais pas comme moi ! Ose ! Lâche ! Si tu rencontres Jésus dans ta vie, suis-le ! Pour moi, je crois que Jésus ne m’a pas oublié : puisque mon histoire circule avec la sienne (et tu peux la relire en Marc 10, 13-27), je suis sûr qu’il croisera à nouveau mes pas, mon regard… je suis sûr qu’il m’aime encore, au-delà de tous mes manques de foi et de courage. En fait, cette rencontre avec Lui est devenue ma grande espérance…

Yohanan, ton frère